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Ce n’est pas classique : complément et glomérulonéphrite extra-membraneuse

L'activation du complément est un élément important de la physiopathologie des glomérulonéphrites extra-membraneuses primitives. Pourtant cette activation ne fait pas appel aux mécanismes que l'on rencontre habituellement dans les pathologies rénales. Cela est en lien avec l'isotype singulier des anticorps associés à cette pathologie.
un article rédigé par Alexandre JENTZER 11/07/2023
  • Public : immunologistes
  • Temps de lecture : 4 minutes
  • Un article rédigé par le Docteur Alexandre JENTZER , CHU de Montpellier
  • Images : Crédit "depositphotos"

Auto-anticorps et glomérulonéphrite extra-membraneuse primitive : Un isotype particulier

L’anticorps anti-récepteur de la phospholipase A2 (PLA2R1) est l’auto-anticorps pathogène majoritaire retrouvé chez des adultes atteints de glomérulonéphrite extra-membraneuse (GEM) primitive. Ces anticorps sont d’isotype IgG4 et n’activent donc pas la voie classique du complément.

Anticorps anti PLA2R et complément : un duo toxique pour les podocytes rénaux

Des dépôts de complément (les produits du clivage des fractions C3 et C5 et le complexe terminal C5b-9) sont présents dans les biopsies de patients atteints de GEM à anti-PLA2R alors que la fraction C1q ne l’est pas suggérant une activation du complément par une autre voie que la voie classique.

En effet, on retrouve dans ces biopsies des dépôts de Mannose Binding Lectin (MBL) qui colocalisent avec la protéine PLA2R et des dépôts de C4d (produit par clivage de la fraction C4 induit par Mannan-binding lectin serine protease : MASP) ce qui suggère une activation du complément par la voie des lectines.

L’article de Haddad et al. se focalise sur l’impact des IgG4 anti-PLA2R sur deux protéines essentielles à la bonne structure des podocytes rénaux, la synaptopodine et NEPH1. Ainsi, en présence de complément, les sérums de patients atteints de GEM à anti-PLA2R induisent une perte rapide de synaptopodine et de NEPH1 des podocytes humains in vitro.

L'impact de la glycosylation

Les auteurs montrent que l’activation de la voie des lectines par les IgG4 anti-PLA2R est dépendante de leur profil de glycosylation.

Il semblerait que seul les anticorps anti-PLA2R agalactosylés en position Asn 297 soient capables de lier directement MBL et d’activer la voie des lectines. De plus cette agalactosylation semble plus fréquente pour les IgG4 anti-PLA2R que pour les IgG4 d'autres spécificités.

Cette activation de la voie des lectines par les IgG4 mène à l’activation de la voie finale commune et au complexe d’attaque membranaire (MAC) nécessaire à la dégradation de la synaptopodine et de NEPH1. L’activation de C3aR1 ou C5aR1 par les anaphylatoxines C3a et C5a libérées lors de l’activation de la voie des lectines est également impliquée dans les lésions des podocytes.

Il est important de noter que la déplétion en IgG4 du sérum des patients atteints de GEM à anti-PLAR2R empêche la dégradation de la synaptopodine et de NEPH1 et que les IgG4 anti-PLA2R1 purifiés sont suffisants, en présence de complément, pour induire la dégradation de la synaptopodine et de NEPH1 démontrant le rôle nécessaire et suffisant des IgG4 anti-PLA2R dans la physiopathologie de la GEM.

En conclusion, cet article nous éclaire sur le rôle des anticorps IgG4 agalactosylés anti-PLA2R dans la physiopathologie de la GEM primitive et ouvre une voie d’étude du complément dans les maladies avec anticorps pathogènes d’isotype IgG4.
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