Public : étudiants, patients, immunologistes et allergologues. Temps de lecture : moins de 5 minutes
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La dermatite atopique, ou eczéma atopique, est la plus fréquente des maladies inflammatoires de la peau touchant jusqu’à 20% des enfants. Plus fréquente chez les nourrissons et les enfants, elle peut persister à l’adolescence voire à l’âge adulte. Elle se caractérise par des lésions érythémateuses, squameuses et prurigineuses qui peuvent s’accompagner de troubles du sommeil (notamment à cause des démangeaisons), d’une diminution de la confiance en soi ou d’un isolement social. Les formes chroniques de dermatite atopique ont de réelles conséquences négatives sur la qualité de vie. La physiopathologie de la dermatite atopique est caractérisée par une dérégulation de la voie des lymphocytes Th2 et des cellules lymphoïdes innées de type 2 (ILC-2) avec une sécrétion accrue de cytokines de type 2 comme les interleukines 4 (IL-4), IL-5, IL-13 et IL-31. Les premières lignes de traitement incluent des crèmes émollientes ou à base de corticoïdes. En cas d’efficacité insuffisante, un traitement immunosuppresseur par voie orale ou une photothérapie sont ajoutés. Néanmoins certaines lésions échappent encore à ces thérapeutiques, il est donc nécessaire de développer de nouveaux traitements plus spécifiques.
Le lebrikizumab est un anticorps monoclonal humanisé d’isotype IgG4 qui se lie à l’IL-13 soluble avec une haute affinité. Fixé à l’IL-13, le lebrikizumab entrave la dimérisation du récepteur IL-13Ra1 avec l’IL-4Ra et inhibe ainsi la transduction du signal. Le lebrikizumab a une action inhibitrice spécifique du complexe IL-4Ra/I L-13Ra1/IL-13 particulièrement impliqué dans la dermatite atopique, sans interférer avec la fixation de l’IL-13 sur son autre récepteur IL-13Ra2, récepteur "leurre" doué d’un probable rôle anti-inflammatoire bénéfique.
Ces essais de phase III, randomisés, en double-aveugle et multicentriques ont évalué l’efficacité du lebrikizumab dans la dermatite atopique modérée à sévère de l’adolescent et de l’adulte. L’essai ADhere a testé l’efficacité du lebrikizumab en association avec des dermocorticoïdes chez 211 patients tandis que les essais ADvocate 1 et ADvocate 2 ont testé l’intérêt du lebrikizumab en monothérapie chez 802 patients. Dans ces trois essais, le lebrikizumab a été administré par injection sous-cutanée pendant 16 semaines.
A l’issue du traitement de l’essai ADhere, 41% des patients inclus dans le groupe lebrikizumab+dermocoticoïdes présentaient une amélioration significative de leurs symptômes comparativement à 22% des patients inclus dans le groupe placebo+dermocorticoïdes. De même, dans les essais ADvocate 1 et 2, environ 40% des patients recevant le lebrikizumab montraient une diminution de leurs lésions, soit deux fois plus que dans le groupe placebo. Des effets indésirables mineurs à modérés sont survenus à une fréquence relativement faible autour de 5%, et similaire entre les groupes traités par l’anticorps monoclonal et le placebo, suggérant une bonne tolérance de ce traitement. Des cas de conjonctivites ont été rapportés chez environ 5% des patients sous lebrikizumab, confirmant les données des essais de phase 2.
A la suite de ces résultats de phase III, la société Almirall a déposé auprès de l’Agence Européenne du Médicament une demande d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) du lebrikizumab dans le traitement de la dermatite atopique modérée à sévère. L’autorisation pourrait être délivrée au cours du second semestre 2023.
Sur la dermatite atopique et sa physiopathologie
Sur les essais cliniques ADhere et ADvocate
Sur de nouvelles immunothérapies présentées par le CEnI
Une étude publiée dans Nature Communication ce 9 mars 2023 s'intéresse au développement d’auto-anticorps dans deux situations : l'immunisation anti-SARS Cov2 par vaccin à ARN messager ou la COVID-19. L'objectif étant d'évaluer si la vacci…