Une limite imposée par nos extrémités de chromosomes
Classiquement, et pour des cellules telles que les fibroblastes, on estime que les capacités de prolifération des cellules normales est bloquée après 50 à 60 divisions cellulaires (phénomène appelé « limite de HAYFLICK » ). Après ce nombre de divisions, les cellules entrent alors en apoptose, et disparaissent.
Le raccourcissement des télomères est un phénomène clairement associé à cette limite, agissant un peu comme un compteur de divisions cellulaires, et imposant la limite à ne pas dépasser... en situation physiologique.
Et pour les lymphocytes T ?
Les lymphocytes T CD8 sont des cellules douées d’un haut potentiel de division cellulaire. Cela permet, dans des délais très courts, de compenser le fait que les cellules T exprimant un récepteur pour l’antigène (TCR) "d’intérêt" pour lutter contre un agresseur, sont rares dans un organisme (nombre estimé à 1/100 000 cellules). Grâce à ces capacités de prolifération, et en quelques jours à quelques semaines, un unique lymphocyte T CD8 activé et spécifique d’un motif antigénique particulier, est capable de se diviser pour donner un clone composé de cent-mille à un million de cellules filles, transformées en cellules "effectrices tueuses" ("cytotoxiques") ou "mémoire" pour assurer la défense d’un individu contre cet agresseur.
Ce qu'il faut comprendre ici, c'est que cela génère un grand nombre de cellules reconnaissant toutes la même partie ("l'épitope") de l'agresseur...
Cet agresseur étant généralement constitué de milliers de motifs antigéniques différents, on peut comprendre alors que, lors d'infections (COVID, infections à CMV...) et cela même, à l'échelle d'un unique individu, la réponse de nombreux lymphocytes TCD8 différents va être sollicitée.
A terme, c'est un nombre très important de lymphocytes T qui, tous ensemble sont engagés dans la lutte contre l'infection.
A l'échelle d'un individu, encore une fois, des processus de contrôle se mettent en place pour limiter cette expansion clonale et permettre la survie de cellules qui exprimeraient d'autres TCR, qui pourraient être utiles lors d'une infection ultérieure par un autre pathogène (cette limitation est appelée "contraction clonale")