- Public : étudiants, immunologistes
- Temps de lecture : 5 minutes
- Un article rédigé par Geoffroy LAFARGE accompagné par le Dr Delphine STERLIN (CHU La Pitié-Salpêtrière, Paris) et relu par Sylvain DUBUCQUOI
- Images : Crédit "depositphotos"
Depuis plusieurs années, des études se penchent sur l’incidence des maladies auto-immunes (MAI) qui augmenterait. Néanmoins ces études se basent toutes sur de petites cohortes et présentent de nombreux biais.
Pour pallier les biais des petits effectifs, une équipe d’épidémiologistes Anglais et Belges a réalisé une étude longitudinale sur 22 millions de patients. Pour obtenir un tel recrutement, les chercheurs ont utilisé les données du CPRD (Clinical Practice Research Data), une base de données au Royaume-Uni regroupant l'ensemble des informations cliniques collectées par les médecins généralistes.
22 009 375 patients ont été inclus du 01/01/2000 au 30/06/2019. Les patients inclus sont des hommes et des femmes sans distinction d’âge. Parmi ces patients, 978 822 personnes ont été diagnostiquées avec une MAI et 1 123 783 MAI ont été diagnostiquées.
Les chercheurs se sont intéressés aux 19 MAI les plus fréquentes à savoir : la maladie d’Addison, la Spondylathrite ankylosante, la maladie cœliaque, la maladie de Basedow, la thyroïdite d’Hashimoto, les maladies inflammatoires de l’intestin, la Sclérose en plaques, la Myasthénie auto-immune, la maladie de Biermer, la pseudo-polyarthrite rhizomélique, la cholangite biliaire primitive, le Psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde, le Syndrome de Goujerot-Sjogren, le Lupus Erythémateux Disséminé, la Sclérodermie, le Diabète de type 1 ,la Vascularite et le Vitiligo.
Pour traiter les données, les auteurs ont analysé les MAI une par une mais aussi toutes les MAI de façon composite.
L’augmentation du nombre de personnes diagnostiquées avec une ou plusieurs MAI reste modérée, avec une incidence qui passe de 681.6 à 700.8 pour 100 000 personnes de 2000 à 2019 soit un ratio du taux d’incidence (IRR) à 1,04 [1.00-1.09]. En parallèle, le nombre de diagnostics de MAI augmente de 22%, ce qui s’explique majoritairement par le diagnostic d’une seconde MAI chez des patients qui souffrait déjà d’une MAI.
L’une des forces de cette étude est le calcul de l’incidence des MAI en fonction de différents cofacteurs : le tabagisme, l’indice de masse corporelle, le statut socio-économique mesuré par un index de déprivation (index UK 2015), le sexe et l’ethnie déclarée par le médecin traitant.
Tout d'abord, l’étude confirme que les MAI sont plus fréquentes chez les femmes (IRR=1.74 [1.72-1.77]).
L’étude montre aussi que les MAI sont plus fréquentes chez les populations plus défavorisées (IRR=1.14[1.11-1.16]) bien que de fortes disparités existent en fonction de la MAI. Par exemple, la polyarthrite rhumatoïde est beaucoup plus fréquente parmi les populations pauvres (IRR=1.52[1.45-1.59]), au contraire la maladie cœliaque est plus fréquente chez les classes plus aisées.
Il existe également une différence d’incidence en fonction de la saison. Le diabète de type 1 est plus fréquemment diagnostiqué en hiver ce qui évoque un élément déclencheur viral, tandis que le vitiligo est plus souvent diagnostiqué en été, suggérant l’importance de l’exposition au soleil.
La principale limite de l’étude est l’inclusion de maladies inflammatoires en tant que MAI telles que la pseudo-polyarthrite rhizomélique et la spondylarthrite ankylosante. Cela fausse notamment le calcul de l’incidence globale des MAI. Par ailleurs, la déclaration des MAI est réalisée par les médecins traitants ce qui peut représenter une limite notable.
Néanmoins cet article reste un article de référence de par le nombre de personnes incluses et le nombre de données étudiées.
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