Les principaux résultats.
Les individus qui ont développé la SEP avaient en moyenne l'âge de 20 ans au moment de leur incorporation et ont présenté leurs premiers symptômes en moyenne 10 ans plus tard. Seuls 35 individus ayant développé la SEP étaient séronégatifs à l’incorporation. Sur 801 cas de SEP, un seul est survenu chez un individu « EBV négatif » lors du dernier prélèvement précédant la maladie.
L’odds ratio (OR) du risque de développer la SEP chez des individus EBV-positifs par rapport aux individus EBV-négatifs a été calculé à 26,5 [intervalle de confiance (IC) de 3,7 – 191,6]. Le délai médian entre le premier échantillon EBV-positif et les premiers symptômes de SEP a été estimé à 5 ans (intervalle de 0 à 10 ans). Le taux de séroconversion EBV chez les individus ayant développé la SEP est de 97% ; chez les personnes qui n’ont pas développé la SEP, il est de 57%.
Pour contrôle, les auteurs ont analysé de façon parallèle la séroconversion au cytomégalovirus (virus du même groupe herpès, âges et conditions de contaminations comparables…). Parmi les individus "CMV-négatifs" à l’incorporation, la séroconversion du CMV s’est produite à un taux similaire chez les individus qui plus tard ont développé la SEP et ceux qui ne l’ont pas développée. Le risque de développer une SEP était inférieur chez les individus CMV séropositifs.
Pour compléter cette étude, les auteurs ont également analysé l'ensemble des anticorps (Ac) présents chez un sous groupe de cas (N= 30) et de contrôles (N = 30) dirigés contre plus de 200 virus responsables d’infections chez l'homme. Là encore, ils n’ont montré aucune différence en termes de "présence d'Ac anti virus" entre individus développant la SEP et ceux qui ne la développaient pas, hormis celles déjà identifiées concernant l'infection à EBV.
Les auteurs ont enfin analysé les taux sériques de la chaîne légère du neurofilament (NFlc) durant le stade préclinique de SEP (phase asymptomatique généralement prolongée), pour montrer une association potentielle avec l'infection à EBV. Ils ont observé qu’avant d’avoir contracté la MNI, les taux de NFlc sont comparables entre les individus qui vont développer la SEP, et ceux qui ne la développerons pas. En revanche, ils augmentent après la séroconversion chez les patients qui ont développé la SEP. Non seulement l'infection à EBV précède les premiers symptômes de la SEP, mais elle précède aussi le processus de neurodégénération qui lui est associé, laissant penser que l'infection déclenche bien la maladie.